Ou comment mon univers musical a fait un kickflip grâce à ce jeu PlayStation – PARTIE I
Dans les années 90, si vous vouliez écouter de la musique, vous deviez casquer. 20 balles (en euro ! En francs, je ne me souviens plus du prix), 20 balles, disais-je avant d’être interrompu grossièrement par moi-même, 20 balles donc pour un CD où 2 titres vous intéressaient.
C’était hors de prix.
Au pire, il y avait les singles avec 2 ou 3 morceaux maximum, généralement ceux qui passaient au Top50 diffusé à midi les samedis sur certaines chaines. Des samedis où vous priiez pour que Larusso ne soit pas number one, parce que ça voulait dire que vous alliez devoir vous taper sa chanson en entière.
Non Larusso, je ne t’ai pas oublié !
Ceci est la première partie sur deux du reportage sur la sélection musicale de Tony Hawk Pro Skater qui raconte ce qui a formé la meilleure bande son de la Psone. La seconde partie n‘est disponible que via la newsletter. Abonnez-vous pour y avoir accès !
Voyage dans les 90s
Ma sœur, elle, elle avait une chaine hifi. Et pour éviter de se farcir à nouveau Larusso sur les ondes en plus de la télé, elle avait ses cassettes. Sur le carton de la tranche qui les accompagnait, elle avait noté des noms exotiques qui ne me parlaient pas plus que ça.
J’étais encore trop jeune pour savourer tout ce que le néo métal de la fin des 90s / début 2000 produisait et au début, Korn, Muse et Limb Bizkit me passaient par-dessus la tête. Cependant, à la longue, en les entendant à travers la porte de sa chambre, mon oreille musicale se formait et se préparait à l’énergie brute et sauvage qui allait bientôt débouler dedans.

Mais pour le moment, j’étais encore innocent. J’étais sur ma PlayStation à jouer à Crash bandicoot 3, ou à Diablo et je me laissais bercer par leur ost. Certains morceaux étaient anecdotiques, d’autres ont laissé leur marque dans ma mémoire.
Puis, avec le support CD de la PlayStation, il était maintenant possible d’intégrer aux jeux vidéos une véritable bande-son reprenant des artistes connus.
Il devait y avoir des raisons à cela – probablement l’aspect passe partout – , mais grâce à ce support, les développeurs ont noyé les oreilles des gamins des 90s par une douce jungle atmosphérique. Vous-mêmes, en allant sur YouTube – je vous invite à le faire maintenant – , vous trouverez facilement une sélection de ces morceaux en tapant dans la barre de recherche : PS1 Jungle Mix.
En quelques secondes, vous avez eu à portée de doigts des centaines d’heures de musique de qualité. Une facilité et une gratuité d’accès qui passent de nos jours inaperçues et qui vous permettent d’apprécier l’écart entre notre époque bénie et la fin des années 90, tout aussi fantastique.
Dans cette décennie donc, pour découvrir de nouveaux artistes, vous n’aviez pas beaucoup de choix. Ça se passait à travers MTV, le top50 ou la radio, éventuellement dans la cour de récrée où un pote vous parlait de l’obscur groupe de rock que son grand frère avait vu en concert le week-end dernier, et à travers la bande son de films ou de jeux.
Ces médias étaient donc un réel vecteur de découvertes musicales à travers leur sélection.
Et dans ma petite chambre, je m’apprêtais à découvrir ce qu’avaient concocté pour moi les développeurs de Neversoft, en insérant un disque sur lequel était marqué au feutre noir Tony Hawk Pro Skater.

Je passais vite l’intro et sélectionnais mon perso, puis le niveau, le seul disponible : la Warehouse. Un entrepôt abandonné où j’allais exprimer mes nouveaux talents. Je n’avais pas encore atterri sur mon skate que l’énergie brute des accords crades d’une guitare me prenait aux tripes.
Pendant les deux minutes qui suivaient, je voyais Tony Hawk enchainer péniblement quelques figures sur une rampe ou dans un half-pipe, et plus généralement, racler ses dents contre le bitume dans une gerbe de sang phénoménale.
J’étais mauvais, mais ce qui me poussait à persister, c’était justement cette musique dont la voix énervée et hachée chantait « And ride, ride, how we ride ».
Le reste de la bande-son était énorme, mais à chaque fois que je lançais une run, c’était ce morceau que je voulais dans mes oreilles. Et impossible d’y avoir accès autrement que par le jeu. Pendant une dizaine d’années, la chanson allait me rester en tête sans que je ne puisse mettre l’oreille dessus, ne connaissant ni le titre, ni l’artiste, ni les paroles.
Une recherche qui s’est vite transformée en obsession, essayant de me rappeler les quelques mots que j’avais reconnus dans mon pauvre anglais pour retrouver le titre alors que je fouillais les bacs de la Fnac. Jusqu’au jour où, une décennie plus tard, j’ai retrouvé la bande-son du jeu sur internet et constaté qu’elle avait également marqué des centaines de milliers de gamins des 90s.
Et pour cause, lorsque les développeurs se sont penchés sur la sélection à effectuer pour leur nouvelle petite licence, ils y ont mis toute leur énergie en surmontant problèmes techniques et budget serré.
Une curation formée par ces limites, ainsi que par des intentions bien précises nourries par la culture skate.
Ceci est la première partie sur deux du reportage sur la sélection musicale de Tony Hawk Pro Skater qui raconte ce qui a formé la meilleure bande son de la Psone. La seconde partie n‘est disponible que via la newsletter. Abonnez-vous pour y avoir accès !